
L’affiche de collection représente un immense patrimoine. Reconnue sur le marché de l’art mais encore discrète, elle séduit aujourd’hui de plus en plus d’amateurs. Un nouveau marché s’ouvre aux créations des années 1950 à 1980. Période d’une grande richesse artistique. C’est donc dans cette brèche que vous pourrez constituer votre collection à moindre coût, si vous avez l’œil.
La rigueur et l’élégance de l’école Zurichoise. L’expérience graphique des voyages intérieurs des « Big Five » à San Francisco. L’engagement des Black Panthers, la guerre du Vietnam, ou la culture chaotique du mouvement Punk, son autant d’évènements qui ont nourris 4O ans de création graphique. Ces affiches se révèlent être de plus en plus convoitées. Véritables témoins de notre histoire, et longtemps considérées comme « Vieux papiers », elles acquièrent, aujourd’hui, le statut d’œuvre d’art.
A la fin des années 40’, la Suisse et les Etats-Unis élaborent un style typographique, dont les formes nouvelles s’inspirent directement du Bauhaus et du mouvement De Stijl. La typographie élémentaire, la mise en page abstraite, la photographie, renoncent aux éléments formels du constructivisme, cédant la place à un agencement clair, et à un rendu sobre et informatif. L’on parlera de « style Suisse » ou « Style international typographique », l’un des mouvement décisifs de l’après guerre, qui ouvrira les portes de la communication moderne.
De l’école de Bâle à l’école de Zurich des années 60. La période est à l’exploration et à l’expérimentation graphique. Les images naissent du texte ou des mots, pour cela on coupe, colle, superpose. Une variation créatrice exsangue de tout ornements, ou la démarche conceptuelle est désormais visible. Max Huber, Ladislav Sutnar, Richard Paul Lohse, Max Bill, Carlo Vivarelli, Karl Gerstner, Josef Mueller-Brockmann, Armin Hofmann, Otl Aicher, Karl Gerster, Hans Neuburg, réaliseront les œuvres les plus sensibles et sans doute les plus recherchées aujourd’hui. Ils transmettent l’expérience de la perception et du sensoriel. Ils élaguent les formes jusqu’à les réduire à leur plus simple expression.
Le style objectif et fonctionnel prend ses marques. Aucune émotion, uniquement de l’information. D’une extrême précision, se style se répand partout en Europe, aux USA et au Japon. Aux Etats-Unis, Paul Rand et Saul Bass, eux aussi sont à l’origine du « Style suisse », ils exploitent avec génie cette nouvelle liberté. Saul Bass, connu pour ses affiches de films, réalisa en 1955 la magnifique affiche, « The man with a golden arm ». En 1955, Milton Glaser fonde le Studio Push pin Graphic à New York ; il réalise en 1966 la magnifique affiche de Bob Dylan inclus dans l’album « The Greatest Hits », et reste une icône incontestée de cette époque américaine.
Chaque génération tente de développer son propre langage. Dans les années 1960, le style Psychédélique* et le Pop art se font l’écho d’une nouvelle génération. Le Psychedelic Art, de 1966 à 1969 à San Francisco, vouait un culte à la musique et aux voyages intérieurs. Il puisait dans les sources de l’Expressionnisme Allemand, le Jugenstill, les Sécessionnistes Viennois… « Un véritable marché aux puces graphiques » précise la galerie Janos à Paris. Les cinq artistes principaux, « The Big Five », Wes Wilson, Rick Griffin, Victor Moscoso, Alton Kelley & Stanley Mouse, sont aujourd’hui présents dans les collections des plus grands Musées. Attention, il existe souvent pour chacune de ces affiches plusieurs éditions.
D’autres évènements, sont à l’origine d’affiches aujourd’hui recherchées. Le prestigieux Festival du Film de New York au Lincoln Center, réalisera des affiches avec Warhol, en 1967, Tinguely en 1974. Puis suivrons Frank Stella, James Rosenquist, Larry Rivers. Souvent de grandes tailles, et imprimées en peu d’exemplaires, leurs cotes en Europe, ne sont pas réellement officielles, notamment en raison du peu d’œuvres qui circulent. En revanche, ces affiches commencent à prendre leurs marques sur le marché outre-atlantique.
Au milieu des années 70, la mouvance anarchiste Punk voit le jour en Angleterre. Exhibant un graphisme agressive, les punks luttent contrent l’establishment et refusent le bon goût. Les affiches, pochettes de disques et tracts, contraires aux critères établies, se distinguent par l’emploie de typographies chaotiques, de collages, de phrases chocs, souvent imprimées en photocopie. Les noms à retenir sont ceux de, Bruce Lacey, plasticien anglais, l’un des précurseurs du mouvement Punk, et l’incontournable Jamie Reid, le graphiste des Sex Pistols, dont l’œuvre est très prisée en Angleterre.
Les tensions politique et sociales de ces années ont impliquées l’engagement d’un grand nombre d’artistes, la plupart d’entre eux ont participés à l’élaboration d’affiche de propagande. Certaines sont rarissimes. La crise de Cuba en 1962, la défense des droits de l’homme, ou encore la guerre du Vietnam, sont autant d’évènements propices à une création débordante et engagée. Le cubain Felix Beltran, avec ses somptueuses sérigraphies, deviendra l’un des principaux graphistes au service de la Révolution. Son travail au dépouillement remarquable, témoigne d’une volonté de s’éloigner du pathos du réalisme socialiste. Sa célèbre affiche datant de 1971 « Libertad Para Angela Davis », . Des affiches de mai 1968, réalisées par les Ateliers Populaires ; ou encore les rares affiches de Tomi Ungerer contre la guerre du Vietnam. Le studio Grapus, fondé en France en 1970, par un collectif d’artistes militants, à lui aussi réalisé une grande production de magnifiques affiches, on les trouve encore à des prix dérisoires, est font partie aujourd’hui du fonds des arts graphique de la Bibliothèque Forney.
Au cour des années 80 les styles s’épurent, les espaces vierges interviennent avec plus de raffinement, les couleurs et les formes sont employées avec sensibilité et pertinence, le contenu devient plus aéré. Les graphistes sont Siegfried Odermatt, Roman Cieslewicz… Un certain nombre de grands artistes ont aussi réalisé des affiches à cette époque. C’est le cas des affiches du Festival de Jazz de Montreux au début des années 80’ alors que Pierre Keller en prenait la direction artistique, il fit intervenir, Jean Tinguely, Niki de Saint-Phalle, Keith Haring…
Se constituer une collection demande de la connaissance et de la patience. Et si la naissance de ce nouveau marché vous donne envie d’en savoir plus, il suffit d’ouvrir les yeux. La nouvelle génération d’acheteurs plébiscite l’affiche pour ses qualités esthétiques et spéculatives. La tendance est à la décoration, une œuvre rare donnera toujours du cachet à votre intérieur. Quoi qu’il en soit, elles resteront une valeur sûre et ce, sur le long terme.
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